Personne n’est Mila

Une jeune Iséroise que tout le monde connaît à présent défraye la chronique pour avoir donné son avis de très rabelaisienne façon sur l’Islam et sur ses projets concernant l’anus d’Allah. Suite à quoi, gravement menacée, elle a dû être déscolarisée et protégée. Les réseaux sociaux, toujours prompts à l’indignation éphémère, s’agitent en tout sens, ornant parfois leurs statuts lapidaires d’une main gantée de caoutchouc à l’index hissé bien haut, prête pour une coloscopie.  C’est amusant, et ça se veut courageux si c’est accompagné de la devise de la semaine « Je suis Mila » !

Le Barnum politico-médiatique y est allé de ses considérations odieuses, de la Garde-des-Sceaux à Bellatar en passant par le délégué général du Conseil français du culte musulman, Abdallah Zekri, condamnant ces propos iconoclastes et ouvrant ainsi à deux battants les portes qui mènent à la criminalisation du blasphème. Bien joué ! D’autres, tels Michel Onfray, Zineb El Rhazoui ou Maître Malka, se sont fendus d’une défense bien charpentée de la jeune fille. Mais sans oublier le préambule oratoire de circonstance qui condamne la vulgarité des propos à mettre sur le compte de sa jeunesse. Voltaire exigeant la réhabilitation de Jean Calas ne se serait certainement pas exprimé en ces termes et l’on peut regretter la raréfaction des Marquises de Sévigné sur la toile. Mais, désolée pour Michel Onfray, on s’en fout. Vulgaire, grossière, déplacée, outrancière, triviale, ordurière, la liberté d’expression concerne aussi la forme ! Et la profanation verbale des doxas en tout genre s’accommode volontiers d’un lexique viril.

Les 18-24 ans favorables à la criminalisation du blasphème

C’est ce qui a conduit Charlie Hebdo, dont on sait que le blasphème est quasiment la carte de visite, à commander un sondage sur la question. Les résultats sont assez glaçants : c’est dans la tranche des 18-24 ans que l’on trouve majoritairement, et même à près de 60%, des défenseurs de l’interdiction légale du blasphème. On voit déjà se profiler les futurs Comités de Salut public en dreadlocks et toge de chanvre. Ca promet !

Une autre jeune fille de 16 ans, déscolarisée elle aussi, mais volontairement, et poussant même à la déscolarisation généralisée pour sauver les ours polaires, agite également les médias depuis plus d’un an, c’est notre désormais célèbre Greta Carbo. La comparaison s’arrête là. Jamais Mila n’a dit « Je veux que vous paniquiez ! ». Jamais elle n’a appelé à des manifestations. Jamais elle n’a demandé à être entendue dans des hautes sphères. Et surtout, jamais, elle n’a exigé que qui que ce soit partage son point de vue. Elle s’exprime en son nom, seule. D’ailleurs aucune association, y compris féministe ou LGBT, ne l’a soutenue, elles pourtant toujours avides de victimes auxquelles tresser des lauriers devant les caméras et les donateurs. Mila, elle, ne collectivise pas ses opinions, ses blessures ou ses émotions. Mais face à cet individualisme de bon aloi, l’équipe adverse chasse en meute.

La personne versus la horde

Car au milieu du brouhaha qui environne la jeune fille, une information est passée quasi inaperçue. Reprenons les faits dans l’ordre : Mila papote en live avec une copine et évoque son peu d’appétit pour « les reubeus », en verlan de banlieue dans le texte. Voici quelques extraits, dans le langage fleuri qui est le sien, du témoignage de la jeune fille : « « Avec une meuf de mon live, je discutais. Elle me parlait de son goût pour certaines filles, elle trouvait que les rebeus, ils étaient pas super bien. Moi j’ai approuvé, j’ai dit : ‘moi non plus c’est pas mon style’. Et il y a un mec qui a commencé à s’exciter, à nous traiter de sales lesbiennes, de racistes, de (…) toutes les pires insultes que vous pouvez imaginer (…). Ensuite le sujet a commencé à déraper sur la religion. Donc moi j’ai clairement dit ce que j’en pensais : Parce que la liberté d’expression, tu connais ? Je déteste la religion. Le Coran est une religion de haine, l’islam, c’est de la merde (…) je dis ce que je pense ! Je ne suis pas raciste, mais pas du tout. On ne peut pas être raciste d’une religion. Il y a des gens qui peuvent penser ça, mais vous êtes cons ! J’ai dit ce que j’en pensais, j’ai totalement le droit (…). Là il y a des gens qui vont encore s’exciter, j’en ai clairement rien à foutre (…). Votre religion, c’est de la merde, votre Dieu, je lui mets un doigt dans le trou du cul, merci, au revoir. Vous m’insultez et vous me menacez de mort, vous n’êtes bons qu’à ça. » A la suite de cet échange, elle va recevoir jusqu’à 200 messages de haine et de menaces A LA MINUTE !  C’est gigantesque et effrayant. La capacité de mobilisation des Musulmans de France semble hallucinante et l’esprit clanique qui anime encore grandement de nombreux membres de la communauté coranique, allié aux nouvelles technologies de la communication, n’augure rien de bon. Là où Mila s’assume seule, ce sont des tribus qui se dressent contre elle. Plus que « la France moisie » d’un côté  et « les chances pour la France » de l’autre, ce qui s’affronte sous nos yeux, c’est la personne contre la horde.

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